Une fois ses clients partis, Léo danse seul dans son salon, sans s’arrêter. Pour chasser l’ombre, il rêve à un amour impossible et merveilleux. Tout près de là, Mylène erre doucement dans les ruelles de son ancien quartier. Il lui faut retrouver son ancien moi, la femme libre et courageuse qu’elle était autrefois. Jessica, elle, repense à son petit démon au pédalo, cet enfant qu’elle a vraiment aimé. Elle ne sait plus comment se rapprocher des autres, comment accepter leurs travers, sans jugement. Jessica, Mylène et Léo nous entraînent dans leur épopée intime, nous font entrer dans leurs pensées les plus secrètes. Dans cette quête à la fois banale et extraordinaire, ils affrontent leurs démons sans peur du tabou, avec un humour tranchant et une grande humanité.
« Mon mari plate a insisté il y a trois ans pour qu’on emménage en banlieue dans une grosse maison. Il déteste Montréal. Je commence à croire qu’il déteste la banlieue aussi parce qu’il est toujours parti. À moins que ce soit moi qu’il déteste. Je m’ennuie de la ville et de ses distractions. En ville, tu peux vivre seule tout en étant entouré de vie. En ce moment, dans ma banlieue, c’est l’inverse. Je vis avec des indésirables dans ma maison et même dans mon propre ventre, mais lorsque je regarde par la fenêtre, il n’y a rien d’autre que le silence. J’ai 42 ans et je me sens comme une enfant en punition. »
DAVID CLOUTIER
LA VIE FABULEUSE DES
GENS FABULEUX
ROMAN
304 PAGES
25$
Dans la ruelle, les fourmis et le grand saule sont les compagnons d’infortune de Marie, qui emploie toutes les ressources de l’imagination pour oublier la brutalité de Lautre et le silence de Louve. Tôt ou tard, il lui faudra quitter ce lieu pour survivre. Mais comment échapper définitivement à la violence ? Comment vivre avec ses souvenirs, plus forts que nos tentatives de renaissance ? La narratrice met en oeuvre un étourdissant adieu à l’enfance qui ne la laisse pas indemne. Au fil du texte, se dessine peu à peu l’espoir d’une libération qui doit tout au pouvoir du langage.
« Je cligne des yeux. Ma mémoire étendue sur la corde s’envole d’un coup, raide. Tourbillonne chétive devant moi. L’essaim incontrôlable de mes souvenirs me dévore les côtes, la mâchoire, les joues, la poitrine. Bien au-delà des paupières. »
MARIE-HÉLÈNE RACINE
TOHU-BOHU
POÉSIE
128 PAGES
20$
Dans cette ville où brille partout l’aluminium des structures, il déplace son corps fragile entre la maison, le travail, l’hôpital et les berges du fleuve, où se mêlent le froid, l’eau salée et le vent. Au plus profond de l’ordinaire de la vie, il attend que quelque chose se passe, prenne feu, l’éblouisse. Heureusement, elle est là, elle, comme une luciole infatigable. Il lui promet qu’il lui fera visiter la ville, qu’ils iront percer le secret des arbres. Entre réconfort des objets du quotidien et imagination folle des images, La scoliose des pommiers énonce l’espoir d’un lien authentique avec les autres.
« ici
il faut se brancher le câble au cou
c’est parce que le téléphone
passe par les derniers rayons
ça complique le couronnement
du patient le plus fatigué du mois
il n’y a pas de mauvaise émotion
seulement des pièces vides
pour s’étendre »
ANTHONY LACROIX
LA SCOLIOSE DES POMMIERS
POÉSIE
140 PAGES
18$
Le hoquet en pulpes raconte la difficulté de prendre parole, mais aussi de prendre la place qui nous revient. Ici, la crainte de déranger autrui est tellement vive qu’il faut se faire toute petite et silencieuse, même quand les voisins entrent par la porte entrebâillée et qu’ils nous piétinent sans ménagement. Alors, l’appel de la fuite est fort : ailleurs, il est possible de se forger d’autres communautés, de se créer de nouvelles cartographies dans la solitude, pour mieux revenir sonder ses échecs. Le hoquet en pulpes évoque tant l’importance de prendre soin de soi que celle de confronter autrui, pour apprendre à mieux bâtir sa maison.
« tu expires sur un temps de trois pulpes
pulses si fort que mon carrelage se fissure
de l’autre côté du lavabo
dans le miroir qui surplombe la tuyauterie
j’ai découvert des ruisseaux derrière mes cuisses
vallons creusés dans une peau autrefois tendue
ils divisent la chair
traversée en rangs
je n’ai plus que la moiteur pour sucrer la plaie »
ÉLOÏSE LEBLANC
LE HOQUET EN PULPES
POÉSIE
140 PAGES
18$
Liv ne sait plus habiter son corps. Dans sa chambre, elle accueille des amants sans nom qu’elle ne garde jamais jusqu’au matin. Sous les néons d’une salle d’examen, elle attend l’inexorable, hantée par les diagnostics imaginaires. Sa mère a été emportée par le cancer il y a longtemps, lui laissant une peur obsessive de la maladie pour seul héritage. Maintenant, la vie de Liv et de son père est pleine de fantômes. Alors que Liv traque sa mère dans les sentiers de course longeant le fleuve à Verdun, son père ne quitte plus son appartement, enfoncé dans son divan, aveugle au monde qui l’entoure et rongé par ses drames intérieurs.
« C’est le seul moment où je peux penser à elle sans m’effondrer. Ailleurs, elle me hante comme un fantôme, mais ici, elle ne peut pas m’attraper. C’est moi qui la suis. Sur les sentiers de course, nos rôles sont inversés. Je la retrouve dans l’écho des vagues du fleuve qui se cognent contre la berge, dans les rires des itinérants qui dorment sur les pierres près de l’eau. Chaque élan de vie est un témoignage, mon corps en est l’unique réceptacle. J’absorbe tout sur mon passage, chaque odeur, chaque couleur. Parfois, pendant un bref instant, je crois la porter en moi au complet, partager mon corps avec le sien. Le poids de sa présence imaginaire alourdit mes jambes. L’épuisement finit par me ramener à la banalité de mon acte : je suis une femme qui court. »
SOPHIE MARCOTTE
LA MÈRE INTÉRIEURE
ROMAN
240 PAGES
23$
Jean-barthes jacques s’écorche les mains, les coudes, les genoux sur la pente raide du
quotidien : son complice l’abandonne, ses meubles sont emportés, le chauffe-eau fait des siennes, les cochenilles causent des ravages, et la petite souris grise, elle, n’en fait qu’à sa tête. Un peu de lumière pour schlumbergera truncata plonge dans l’univers à la fois drôle et pénible de jean-barthes qui, à bout de souffle après sa rupture avec clémentine et son déménagement forcé, pose un regard furtif, peut-être désabusé, sur le monde qui l’entoure.
« Je sors une grande feuille blanche, un crayon-feutre noir (permanent), m’installe à la table de la cuisine. Je m’applique, soigne ma calligraphie : appeler maman plus souvent, sortir avec marco, aller voir des shows par moi-même, aller prendre des marches (mont-royal), lire des livres (aller à la librairie), faire de la bonne bouffe, étudier la mythologie grecque, prendre soin de schlumbergera truncata.
»
MATHIEU HACHEBÉ