Olive, ingénieure en début de carrière, peine à contrôler sa vie. Dépassée par son quotidien aux allures de prison dorée, elle se voit forcée à quitter d’un coup son emploi stressant au centre-ville de Montréal. Elle se lance alors dans un grand périple transcanadien
jusqu’à Haida Gwaii, se donnant le défi de trouver l’emploi parfait, celui qui lui offrirait stimulation, équilibre et transcendance. Doit-elle  tout changer pour trouver l’épanouissement espéré? Peut-elle prospérer en exploitant le désir des hommes? Veut-elle plutôt se tourner vers le don de soi grâce à la philanthropie? La série d’expériences, de rencontres et d’aventures qu’elle entreprendra alimentera sa réflexion, mais mènera immanquablement à d’amères désillusions.

« Perturbée, elle tenta de reprendre contact avec la réalité en révisant la programmation d’une collègue. Une petite tâche facile. Mais le rose, le bleu et le jaune des lignes de codes se mêlèrent vite pour former du brun. Olive ne voyait plus que du brun. Elle tenta de maintenir sa concentration, puis une horde de courriels s’immiscèrent dans sa boîte de réception. Outlook lui présentait des rectangles d’angoisses encadrés d’objets écrits en gras, n’attendant qu’à être déballés d’un clic pour lui sauter au visage. Elle en ouvrit un, puis un autre, irritée, d’humeur massacrante, avec le sentiment de naviguer parmi des mines antipersonnelles d’échéanciers irréalisables. Elle pensa jeter ses deux écrans d’ordinateur par la fenêtre
du vingt-quatrième étage. »

ARIANE PICARD
BÉBÉ SUCRÉ
ROMAN
368 PAGES
28$




C’est une grosse année pour Les Pâtes. La petite municipalité est aux prises avec des criminels amateurs, des comptes à régler, des infrastructures désuètes et une étrange disparition. Pourtant, l’activité bat son plein, entre le rachat du vieux motel, les campagnes publicitaires à concevoir et les touristes qui se pointent le bout du nez. La ville, ici, a sa propre volonté et n’entend pas mettre un frein à sa revitalisation...

« C’est monsieur Duquette qui a trouvé la bicyclette dans la vase de la rivière. Le matin de la battue, les autres bénévoles se moquaient un peude lui autour de la table à café, avant de recevoir leurs directives. « Toujours à jouer dans la bouette, hein ? ». Certains volontaires s’étaient réservé les champs, un autre groupe était persuadé de trouver des indices dans la forêt. Monsieur Duquette retenait son sourire : il savait très bien que les gens utilisent instinctivement le courant pour se débarrasser de leurs déchets. »

Illustration: Pauline Stive

CHRISTIAN LAMBERT
LES PÂTES
ROMAN
200 PAGES
23$







Dans ce roman, Julien passe par quatre chemins pour secourir son frère disparu sur une île tropicale au milieu du lac Témiscamingue, là où traînent des sardines qui parlent. Voici l’aventure d’une écriture: des hachures d’encre, des péchés originels, la réfection d’une piscine municipale, l’étrange apparition de Pierre Le Moyne d’Iberville...

« Je n’étais qu’un jeune adolescent timide qui, par dépit,
s’était porté volontaire pour se laisser conduire par sa mère
jusqu’au point de départ de la compétition sportive de son petit frère.
À l’heure convenue, alors que Benoit faisait toujours la grasse matinée
et que Maman faisait des pieds et des mains pour le réveiller,
je m’étais échoué sans grande conviction sur le banc arrière
de notre vieille Ford Windstar beige 1998.
Et si j’avais su que de cette scène naitrait plus tard un livre,
je crois que j’aurais fait un peu plus attention à ma posture. »


JULIEN BEAUPRÉ
COCONADE
ROMAN 
280 PAGES
23$







Comme par enchantement raconte la mythologie intime d’une revenante de Rivière-Malbaie atteinte de mélancolie. Dans cette mosaïque faite de récits et d’essais se dessine un monde perdu fait de grandeurs ordinaires, de trajectoires minuscules. C’est un Charlevoix rugueux et plein d’aspérités qui y prend place. Les personnages tentent de s’y tenir debout, chambranlants malgré les séismes, les peurs et les saisons mortes. Des voisins s’haïssent la face, des femmes chiquent de la gomme pour oublier, des vieux craignent la mort sous les néons froids de leur cuisine, des nudistes s’accaparent des coins de plage.

« Aux nouvelles, ils ont annoncé que nous étions disparus de la carte. Cette expression avait de quoi créer un abîme dans le cerveau d’une fille de quatre ans. La peur, à ces mots, a alors ouvert sa grande gueule pour avaler chaque cellule d’existence connue. J’entrais dans le vaste territoire de l’angoisse. »

GENEVIÈVE DUFOUR
COMME PAR ENCHANTEMENT
RÉCITS 
112 PAGES
20$









Dans un village gaspésien entre mer et montagne, des amis tentent de donner forme à leurs aspirations. Ils ont fait le pari de vivre en communauté, à l’abri des lois sociales ordinaires. Leur vie est rythmée par le passage des saisons et le travail sur la pépinière, où ils soignent racines, feuilles, fruits et bourgeons. Entre les travaux à faire, les soirées de fête et les liens qui se reconfigurent sans cesse, les tensions naissent malgré la bonne volonté de tous. Le narrateur se fait l’observateur patient et critique des choses humaines comme des événements naturels.

« Depuis que nous habitons la maison, chaque soir est l’occasion d’un grand banquet : nous chantons, rions, crions, dansons. Et derrière toute cette joie, pourtant, il y a des tensions qui naissent, des conflits qui germent, des blessures qu’il nous faudra panser un jour. »

MATHIEU HACHEBÉ
JE PARLERAI DES AMÉLANCHIERS DE
SAINT-MAXIME-DU-MONT-LOUIS
ROMAN 
200 PAGES
20$








Renée Saint-Clair n’est plus. Dans leur logement du Manoir Charlemagne, Céline doit trier les bibelots, ranger les vêtements et, surtout, apprendre à composer avec le silence. Elle se sépare du monde matériel pour mieux laisser sa mémoire protéger les souvenirs, tous sans exception. Ed, lui, s’occupe des shortcakes aux fraises et des patates pilées, malgré la mort qui ne l’a pas laissé pour compte. Une amitié inattendue leur permettra de colmater les brèches de l’absence, lorsqu’ils se permettront d’ouvrir une fenêtre, puis une porte, pour rouler ensemble un moment. Après tout, il faut se forcer à respirer l’air, quitte à le changer un peu.

« C’est pour se nettoyer que Céline pleure tous les jours de sa sainte vie depuis plus d’un mois. C’est médicinal. C’est une dialyse des sentiments. Comme de fait, le souffle se calme. De la purge naît la vitalité. Tranquillement, elle se soulève du siège. Elle s’appuie sur le tableau de bord, puis la portière. Elle prend toutes les précautions nécessaires pour s’ériger. Elle se tient enfin debout. Un monument de femme. »

ÈVE LANDRY
CÉLINE APRÈS RENÉE
ROMAN 
176 PAGES
23$









YUL-Saturne nous entraîne dans le voyage spatial imaginaire d’une jeune femme qui combat sa mélancolie en maniant les mots comme une arme d’autodéfense. De Montréal, avec son Mont-Royal qui rêve d’être un volcan, elle observe la lune, que l’on minera peut-être un jour pour ses ressources. Elle tente de se réapproprier son histoire dans et par une poésie où la langue est hantée par des discours hétérogènes, des failles, des imperfections.

« code postal sur saturne
dans ma vie précédente
les temporalités se trompent d’adresse
je ne sais plus où est chez-moi
un appart sur saint-denis
ou tout le reste de la terre »

DOLCE SAINT-ARNOLD
YUL-SATURNE
POÉSIE
136 PAGES
20$










« Je suis une femme simple, je fais de petites choses », dit la poète, qui dessine ici un univers intime où elle amène les enfants aux fraises, hume l’odeur de la forêt, cuit des confitures. Mais ces jours de douceur sont fragiles, se brisent parfois devant la violence qui continue de surgir depuis le passé. La poète se fait alors femme pyromane, porte l’envie de tout flamber.

« à grandes averses
nue et frissonnante
je me déferai de mes peaux crasseuses
je n’ai que des chairs à vif
pansez-moi
portez-moi sur vos épaules
le monde »

EMILIE PEDNEAULT
CRÂBE
POÉSIE
80 PAGES
18$








Une doctorante en mycologie part en terrain de recherche. Un homme tente de parcourir une rivière gelée en patin nordique. Une gardienne de parc provincial fait une étrange découverte. Chacune des huit trajectoires racontées ici est une invitation à s’égarer, à s’éloigner de la trail pour explorer des voies insoupçonnées. Ce recueil de nouvelles ancré dans le territoire nord-américain brosse tout en finesse les portraits d’hommes et de femmes qui prennent la route ou vivent à l’écart. Au cœur de territoires sauvages, ils réinventent leur rapport au monde et apprennent à renaître, comme les forêts après les grands incendies.

« Je suis réveillée par un orage. Chaque fois qu’elle frappe, la foudre illumine le ciel et fait reculer, pour une fraction de seconde, l’opacité de cette nuit sans lune. Le tonnerre gronde avec insistance, mais longtemps après l’apparition des éclairs. Le cœur violent de la tempête se déchaîne assez loin de moi. Ça me rassure. Je dors mieux ici, sous la pluie qui bat avec force les parois de ma tente, que confinée dans le refuge en bois à l’odeur frelatée. »

ALEC SERRA-WAGNEUR
LE SILENCE DES BRAISES
NOUVELLES 
176 PAGES
23$