Comme par enchantement raconte la mythologie intime d’une revenante de Rivière-Malbaie atteinte de mélancolie. Dans cette mosaïque faite de récits et d’essais se dessine un monde perdu fait de grandeurs ordinaires, de trajectoires minuscules. C’est un Charlevoix rugueux et plein d’aspérités qui y prend place. Les personnages tentent de s’y tenir debout, chambranlants malgré les séismes, les peurs et les saisons mortes. Des voisins s’haïssent la face, des femmes chiquent de la gomme pour oublier, des vieux craignent la mort sous les néons froids de leur cuisine, des nudistes s’accaparent des coins de plage.

« Aux nouvelles, ils ont annoncé que nous étions disparus de la carte. Cette expression avait de quoi créer un abîme dans le cerveau d’une fille de quatre ans. La peur, à ces mots, a alors ouvert sa grande gueule pour avaler chaque cellule d’existence connue. J’entrais dans le vaste territoire de l’angoisse. »

GENEVIÈVE DUFOUR
COMME PAR ENCHANTEMENT
RÉCITS 
112 PAGES
20$








Dans un village gaspésien entre mer et montagne, des amis tentent de donner forme à leurs aspirations. Ils ont fait le pari de vivre en communauté, à l’abri des lois sociales ordinaires. Leur vie est rythmée par le passage des saisons et le travail sur la pépinière, où ils soignent racines, feuilles, fruits et bourgeons. Entre les travaux à faire, les soirées de fête et les liens qui se reconfigurent sans cesse, les tensions naissent malgré la bonne volonté de tous. Le narrateur se fait l’observateur patient et critique des choses humaines comme des événements naturels.

« Depuis que nous habitons la maison, chaque soir est l’occasion d’un grand banquet : nous chantons, rions, crions, dansons. Et derrière toute cette joie, pourtant, il y a des tensions qui naissent, des conflits qui germent, des blessures qu’il nous faudra panser un jour. »

MATHIEU HACHEBÉ
JE PARLERAI DES AMÉLANCHIERS DE
SAINT-MAXIME-DU-MONT-LOUIS
ROMAN 
200 PAGES
20$










Renée Saint-Clair n’est plus. Dans leur logement du Manoir Charlemagne, Céline doit trier les bibelots, ranger les vêtements et, surtout, apprendre à composer avec le silence. Elle se sépare du monde matériel pour mieux laisser sa mémoire protéger les souvenirs, tous sans exception. Ed, lui, s’occupe des shortcakes aux fraises et des patates pilées, malgré la mort qui ne l’a pas laissé pour compte. Une amitié inattendue leur permettra de colmater les brèches de l’absence, lorsqu’ils se permettront d’ouvrir une fenêtre, puis une porte, pour rouler ensemble un moment. Après tout, il faut se forcer à respirer l’air, quitte à le changer un peu.

« C’est pour se nettoyer que Céline pleure tous les jours de sa sainte vie depuis plus d’un mois. C’est médicinal. C’est une dialyse des sentiments. Comme de fait, le souffle se calme. De la purge naît la vitalité. Tranquillement, elle se soulève du siège. Elle s’appuie sur le tableau de bord, puis la portière. Elle prend toutes les précautions nécessaires pour s’ériger. Elle se tient enfin debout. Un monument de femme. »

ÈVE LANDRY
CÉLINE APRÈS RENÉE
ROMAN 
176 PAGES
23$








YUL-Saturne nous entraîne dans le voyage spatial imaginaire d’une jeune femme qui combat sa mélancolie en maniant les mots comme une arme d’autodéfense. De Montréal, avec son Mont-Royal qui rêve d’être un volcan, elle observe la lune, que l’on minera peut-être un jour pour ses ressources. Elle tente de se réapproprier son histoire dans et par une poésie où la langue est hantée par des discours hétérogènes, des failles, des imperfections.

« code postal sur saturne
dans ma vie précédente
les temporalités se trompent d’adresse
je ne sais plus où est chez-moi
un appart sur saint-denis
ou tout le reste de la terre »

DOLCE SAINT-ARNOLD
YUL-SATURNE
POÉSIE
136 PAGES
20$









« Je suis une femme simple, je fais de petites choses », dit la poète, qui dessine ici un univers intime où elle amène les enfants aux fraises, hume l’odeur de la forêt, cuit des confitures. Mais ces jours de douceur sont fragiles, se brisent parfois devant la violence qui continue de surgir depuis le passé. La poète se fait alors femme pyromane, porte l’envie de tout flamber.

« à grandes averses
nue et frissonnante
je me déferai de mes peaux crasseuses
je n’ai que des chairs à vif
pansez-moi
portez-moi sur vos épaules
le monde »

EMILIE PEDNEAULT
CRÂBE
POÉSIE
80 PAGES
18$









Une doctorante en mycologie part en terrain de recherche. Un homme tente de parcourir une rivière gelée en patin nordique. Une gardienne de parc provincial fait une étrange découverte. Chacune des huit trajectoires racontées ici est une invitation à s’égarer, à s’éloigner de la trail pour explorer des voies insoupçonnées. Ce recueil de nouvelles ancré dans le territoire nord-américain brosse tout en finesse les portraits d’hommes et de femmes qui prennent la route ou vivent à l’écart. Au cœur de territoires sauvages, ils réinventent leur rapport au monde et apprennent à renaître, comme les forêts après les grands incendies.

« Je suis réveillée par un orage. Chaque fois qu’elle frappe, la foudre illumine le ciel et fait reculer, pour une fraction de seconde, l’opacité de cette nuit sans lune. Le tonnerre gronde avec insistance, mais longtemps après l’apparition des éclairs. Le cœur violent de la tempête se déchaîne assez loin de moi. Ça me rassure. Je dors mieux ici, sous la pluie qui bat avec force les parois de ma tente, que confinée dans le refuge en bois à l’odeur frelatée. »

ALEC SERRA-WAGNEUR
LE SILENCE DES BRAISES
NOUVELLES 
176 PAGES
23$