Les neuf personnages de Nous serons tous guéris, qu’ils soient marginaux ou non, ont tous quelque chose en commun: ce sont des êtres inquiets, nostalgiques et peut-être d’infatigables romantiques, même quand c’est enfoui sous la poussière du temps qui passe. Les neuf nouvelles du recueil sont autant de variations sur une même angoisse existentielle. Elles plongent tour à tour le lecteur et la lectrice dans les univers de la musique métal, du cinéma d’horreur, de la littérature, du numérique ou des théories survivalistes. Au cœur de ces récits, le passé et le présent se font face dans un affrontement d’où on ne sort pas toujours indemne.

« Je me rappelais, certaines fois avec une acuité presque trop vive, cette morosité profonde qui m’avait pris pour ne plus me laisser tranquille, au sortir de l’enfance. J’avais l’impression de m’être brusquement réveillé pour m’apercevoir que tout ce qui m’entourait m’était étranger, n’avait rien à m’offrir, ou en tous cas rien qui pouvait me donner la force d’affronter chaque jour la lumière la tête haute. Je ressentais en permanence une douleur au ventre, comme un
affamé. »


HUGO BOURCIER
NOUS SERONS TOUS GUÉRIS
NOUVELLES
256 PAGES
25$






Dans Orange pekoe, le narrateur déambule autant dans les lieux qui l’entourent que dans ses souvenirs d’enfance. Il se rappelle la petite maison blanche, le grand-père dans sa berçante, les tasses de thé et, très loin, la baie, dans un ailleurs inaccessible, peut-être imaginaire. Le récit fragmenté tracepatiemment les chemins hasardeux de la mémoire. Sur la route, des objets abandonnés, les oiseaux qui reviennentchaque printemps, l’angoisse de l’enfance qui refait surface un soir, bercée par le ronronnement du réfrigérateur.

« Ça commence avec un coup de fil durant l’après-midi. Il fallait s’y attendre : près de deux décennies plus tard, le cœur s’est emballé. Avant de partir, je prends le temps de repasser la chemise Je repasse la chemise, m’applique à la disparition des plis comme si ce simple geste pouvait changer le sort du monde et des morts. »

BENOIT BORDELEAU
ORANGE PEKOE
RÉCIT
200 PAGES
20$












Dans Température pièce, l’angoisse se faufile par toutes les craques, menace de tout faire s’effondrer. Aux prises avec un environnement familial étouffant et sa relation amoureuse chancelante avec Léa, la narratrice de ce roman, étudiante en philosophie, cherche des sorties de secours. Le livre donne peu à peu les clés d’un récit qui plonge au coeur des traumatismes intimes, ceux malgré lesquels on tente de s’épanouir.

« Dans le miroir de la salle de bain, je touche mes paupières. Je pleure et je ne trouve pas ça laid. J’ai envie de planter mon visage dans le creux du cou de Léa. Élire domicile quelque part au-dessus de sa clavicule. Mes cernes sont comme deux mains prêtes à attraper ce qui coule. Ce qui coule et qui se loge dans les plis que je n’avais jamais remarqués avant : les plis de ma mère, là, surmon visage.

SOPHIE MARCOTTE
TEMPÉRATURE PIÈCE
ROMAN
208 PAGES
23$












Camille travaille dans un café de l’est du Plateau. Le soir, elle ingurgite des quantités astronomiques d’alcool. Sur son balcon, elle inspire et expire la fumée d’un joint. La boucane lui permet de quitter sa propre tête. Soudain, elle fait la rencontre de l’éblouissante Lou qui fait battre son cœur, qui entre en grand coup de vent dans son quotidien. Celle-ci sera dès lors témoin de la vie en montagne russe de Camille, de sa difficulté à faire les bons choix. Comment jongler entre les problèmes de santé mentale et l’ouverture à l’autre, cet autre qui nous chamboule et nous renverse ? Grand huit est l’histoire d’une femme qui apprend à aimer, maladroitement. C’est l’histoire de la confiance qui se bâtit grâce aux échecs.

« J’enfile mon linge de la veille. Le miroir est honnête. La gloire n’est pas au rendez-vous. C’est rare que les erreurs sentent l’assouplisseur. Je dépose mon café sur la commode. Il refroidira. Il se demandera à quel moment il s’est laissé tomber. On sera deux. »

ÈVE LANDRY
GRAND HUIT 
ROMAN
192 PAGES
23$












Dans une vieille taverne de banlieue éclairée aux néons, des hommes et des femmes vont et viennent, boivent, trébuchent, se regardent et prennent la parole. Ils font chacun part de leurs angoisses, de leurs désirs ou de leurs rêves, dans un langage embrouillé où s’affichent les déterminismes qui les empêchent de se mouvoir. Entre les soliloques, un narrateur parfois bienveillant, parfois sarcastique, veille sur la scène, se fait le commentateur des déboires et des maladresses des personnages.

« impossible de se sentir mieux / mais ce qui rassure / c’est qu’il ne se passe rien / il n’y a jamais rien de nouveau / à chaque fois qu’on pousse / et qu’un étron prend le courant pour trouver sa destruction / sa ruine mesurée à l’aune du continent / une dédicace s’écrit au salon du livre / elle ne sera jamais lue / et se perdra dans la réverbération de la parole / et cette boucle s’oubliera déjà / j’imagine demain »

DAVID FIORE LAROCHE
BOUCHE À BOUCHE DE L’ORDINAIRE
THÉÂTRE
136 PAGE













Les femmes que j’aime ne font pas de bicyclette
raconte les moments éparpillés d’une vie ordinaire, mais aussi la façon dont se construit l’imaginaire d’un écrivain en devenir. C’est un portrait fragmentaire rassemblant de petits intervalles de temps à sauver de l’oubli : des coquillages, comme ceux que l’on ramasse sur le bord de la mer.

« Au début elle ne comprendrait pas. Froncerait peut-être les sourcils. Devrait relire le poème. Elle croirait qu’on parle de ses genoux. Ses genoux qu’un inconnu voudrait caresser. Ça lui ferait penser à une main lourde et maladroite. Une main qui sert à faire des trous dans la terre. »

ANTHONY LACROIX
LES FEMMES QUE J’AIME NE FONT PAS DE BICYCLETTE
NOUVELLES
128 PAGES
18$